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GENESE

Au cœur d’un écrin de verdure de 22 hectares, situé dans l’ouest parisien, le Domaine des Grandes Terres constitue à lui seul un quartier à part entière de Marly-le-Roi où il fait bon vivre. Avant d’être le Domaine que nous connaissons aujourd’hui, la parcelle des Grandes Terres fut longtemps exploitée pour l’agriculture avant de devenir un parc, revenu à l'état sauvage, avec au milieu une de ces grandes bâtisses bourgeoises baptisée par certains Marlychois « Le Manoir ».

Une promenade à vélo
C’est lors d’une promenade à vélo au début des années quarante que Marcel Lods découvre près du village de Marly-le-Roi la propriété nommée « Les Grandes Terres ». Située sur un éperon calcaire dominant la vallée de la Seine, proche de Paris et accessible par le train et la voiture en empruntant l’autoroute de l’Ouest (en construction à l’époque), ce terrain lui semble propice à l‘implantation d’un ensemble immobilier.
 

Il y a cinq ans environ, je bavardais avec Martine Lods. Nous parlions de son père, Marcel Lods. De fil en aiguille, notre conversation s'orienta sur les Grandes Terres et Martine Lods me raconta ce souvenir d'enfance : « J'étais encore gamine quand au début du printemps, mon père m'emmena, par une matinée fraîche, dans une propriété qu'il avait découverte près de trente ans auparavant au cours de ses promenades à vélo qu'il faisait en banlieue parisienne. Ce terrain lui plaisait et il souhaitait pouvoir y construire un jour un grand ensemble immobilier. Ce terrain était le futur Domaine des Grandes Terres.»

Source : texte de Lucien Reversat, président de l'USGT de 1977 à 1983,  à l'occasion du Quart de siècle des Grandes Terres , La Gazette des Grandes Terres, n° 269 - décembre 1999


 

Un site offrant une vue exceptionnelle
Situé à l’extrémité nord de la ville de Marly-le-Roi, entre les communes de Port-Marly à l’est et du Pecq à I’ouest, le site des Grandes Terres est un immense plateau calcaire. Il fait partie des hauteurs de la rive gauche qui, de Rueil-Malmaison à Saint-Germain-en-Laye et Maisons-Laffitte, obligent la Seine à dessiner sa grande boucle de Chatou à Cormeilles-en-Parisis, avant de poursuivre sa course vers l’ouest.

Surplombant d'une cinquantaine de mètres la vallée de la Seine, le site des Grandes Terres offre une vue unique et magnifique sur la plaine de Chatou et du Vésinet et au-delà de Montesson, sur Sartrouville et les carrières de Cormeilles-en-Parisis. Vers l’est, on aperçoit Paris (la Butte Montmartre, Ia Tour Eiffel, etc) ou encore le quartier d’affaires de La Défense et le Mont Valérien.

 

Les acteurs clés du projet
Pour pallier l’impossibilité de construire dans un Paris déjà surpeuplé, où les contraintes administratives et le prix des terrains sont prohibitifs, Marcel Lods propose d’édifier en banlieue ouest à Marly-Le-Roi, un ensemble résidentiel pourvu de tous les services annexes et « présentant dans un cadre rural tous les caractères et les avantages de la vie urbaine ».

Le projet des Grandes Terres est souvent attribué à Marcel Lods, mais il n’aurait pu voir le jour sans l’intervention de Jean-Jacques Honegger et Pierre Honegger ainsi que de l’ingénieur Robert Crétégny (pour la conception technique, économique et pour le montage financier du projet) et du promoteur André Manèra.


Le projet final approuvé en 1956
Le premier projet comportant 2 000 appartements sera présenté en 1952. Il comprenait alors 4 immeubles longs, de 50 mètres de hauteur et distants de 90 mètres, et une tour de 79 mètres, libérant ainsi une surface au sol de 94% pour les espaces verts et les espaces dédiés aux sports.

 

"Un espace libre au centre aménagé en parc avec trois jardins à la française pour 8 000 habitants dans des bâtiments de 90 mètres les uns des autres avec deux types de logement : "Babylone" disposant d'une loggia de 15 m2  et "Sémiramis" doté d'un véritable jardin suspendu d'une surface de plusieurs dizaines de mètres carrés dont la hauteur est le double de celle de l'appartement."

 
Source : La Gazette des Grandes Terres, n° 300 - décembre 2007

 
Le permis de construire, déposé en août 1952, sera refusé en 1953 par la Commission des Sites en raison de la grande hauteur dénaturant le paysage vu du parc de Marly et des terrasses de Saint-Germain-en-Laye. Seuls peuvent être admis des bâtiments ne dépassant pas 15 mêtres soit 5 niveaux (R+4).
 
La première esquisse refusée, Marcel Lods, avec le soutien de Jean-Jacques Honegger, met au point un second projet, profitant de la loi votée le 15 avril 1953 visant à faciliter l’accès à la copropriété par des prêts à faible taux d’intérêt assortis de primes.
 

"Sur le terrain de forme triangulaire, 1 490 logements sont répartis en 27 immeubles de part et d'autre d'un part central sur lequel sont disposés des terrains de sport. 18 immeubles longs orientés est-ouest ponctués à leurs extrémités de 9 immeubles courts orientés nord-sud, déliment ainsi 9 jardins. Sur la base du triangle seront construits un centre commercial et deux écoles. La desserte des immeubles est entièrement piétonnière, le stationnement des voitures se faisant en périphérie."

Source :  La Gazette des Grandes Terres, n° 300 - décembre 2007

 
 

Le permis de construire est finalement délivré le 29 février 1956. Le chantier de construction des bâtiments débute en mars de la même année.